Prix 2009

Prix du Jury Œcuménique 2009

La fin du MondeLa fin du monde de Tirabosco et Wazem, Éditions Futuropolis, août 2008

Dans un univers diluvien, au trait charbonneux mis en valeur par un camaïeu de bleu, sans doute une des plus belles réalisations graphiques de Tirabosco, le scénario de Wazem construit une réflexion émouvante autour d’un moment particulièrement intense de la destinée de son héroïne. La jeune femme, qu’il met en scène, va, contre le désordre des éléments et le désordre de ses sentiments à l’annonce de l’infarctus de son père, rechercher l’abri du coeur de la maison de son enfance, comme un retour au blottissement de la vie intra-utérine. Une sorte d’autoanalyse, dans laquelle interviennent les esprits de la maison et une incarnation, à la fois inquiétante et chaleureuse, de la mort – loin de sa traditionnelle allégorie à la faux – lui permettra à la fois de renouer avec les évènements tragiques de sa naissance et d’accéder peu à peu à la sérénité : à la réconciliation avec elle-même et l’univers qui l’entoure.

Le récit se termine dans l’apaisement : apaisement des éléments où s’achève le déluge qui semblait devoir conduire à « la fin du monde » ; apaisement du coeur de la jeune femme par la prise de conscience de « la fin du monde » de son enfance et la réconciliation avec tous ses souvenirs enfouis et refoulés. Même l’annonce du rétablissement de son père conduit à l’acceptation d’une nouvelle vie – dans laquelle l’acceptation de la mort a sa place : mais Montaigne ne nous rappelait-il pas que, « pour s’apprivoiser à la mort, il n’est que de s’en approximer » ?

Jacques Tramson