Mention spéciale 2002

Chabouté, un univers envoûtant : mention spéciale pour Un îlot  de bonheur aux Editions Paquet, 2001, et pour l’ensemble de son travail. Chabouté a construit au fil de ses premiers albums un univers graphique fort, qui mêle harmonieusement l’humour noir des scénarii et le trait noir et blanc des compositions. Le trait impressionniste et sobre du jeune créateur sert admirablement des récits qui se situent aux carrefours de la vie quotidienne et du fantastique. L’humanisme de l’auteur éclate particulièrement dans son dernier opus, Un îlot de Bonheurqui amène le lecteur à s’interroger sur les thèmes de la tolérance et de l’exclusion.

 

Un îlot de bonheurUn îlot de bonheur, Chabouté, Éditions Paquet, 2001

L’histoire d’un petit garçon qui retrouve auprès d’un SDF la chaleur amicale qui manque dans son foyer familial. De son trait si expressif, Chabouté dépeint la rencontre de deux solitudes, un jeune garçon en manque d’affection familiale et un SDF. Un échange d’amour et de forces qui permettra à un homme déchu de retrouver le courage d’affronter la vie. Aucun lien avec  » Quelques jours d’été « , même si Chabouté nous plonge dans des ambiances très proches. Entre poésie et émotion, cet album nous offre encore un véritable îlot de bonheur.

 

 

Zoé, ChaboutéZoé, Chabouté, Vents d’Ouest, Coll. Integra, septembre 1999

Après dix ans de prison, Zoé n’a plus peur de la solitude. À sa sortie, elle decide d’aller vivre seule dans le petit village de la Goule, héritant de la maison de sa grand-mère. Biensûr, elle s’attendait à une intégration difficile mais tout de même. Et ces quelques signes de sorcellerie qu’elle croit apercevoir ne sont-ils vraiment là que pour l’effrayer… ?

 

Pleine Lune, ChaboutéPleine Lune, Chabouté, Vents d’Ouest, Coll. Romans graphiques, septembre 2000

La rencontre fortuite d’un employé à la sécurité sociale, raciste et vulgaire, et d’un sorcier vaudou, amorce le scénario de Pleine Lune et donne l’occasion à Chabouté de dénoncer la bêtise humaine dans toute sa bassesse. Lorsque Edouard Tolweck, le petit fonctionnaire, refuse de servir avec mépris le vieil homme noir qui patiente depuis plus de trois heures derrière son guichet, il ignore encore que son existence sordide et sans histoire va basculer pour un soir dans le pire des cauchemars. Provoqué, bousculé, humilié, il se retrouve bientôt confronté à toutes sortes d’individus peu commodes qui l’entraînent dans une virée hallucinante et angoissante. Dans ce climat d’étrangeté où les événements s’enchaînent à une vitesse remarquable, le lecteur suit d’un oeil amusé les mésaventures du protagoniste pour lequel il n’éprouve jamais aucune sympathie. Un rythme saccadé pour une narration intense qui alterne les effets de surprise afin d’assurer au récit sa cadence. En dérogeant aux lois de la vraisemblance, cet album à la fois sombre, drôle et moral, allie l’élégance des aplats en noir et blanc à la frénésie du discours pour offrir en filigrane une leçon de tolérance. À 33 ans, Chabouté signe là une de ses œuvres les plus abouties.

 

SorcièresSorcières, Chabouté, Vents d’Ouest, Coll. Romans graphiques, 2ème édition septembre 2001 (Paru initialement aux Editions Le Téméraire, en 1998), 136 pages

Atmosphères sombres, campagnes perdues, entre sortilèges, philtres et envoûtements, quelques vieilles mènent la danse. Avec ces histoires de chats noirs, de curés pas très catholiques, de pactes douteux, de poupées épinglées et de divinations approximatives, il ne fait décidément pas toujours bon vivre dans nos campagnes. Un humour noir, très noir, servi par un trait tout aussi noir, où la chute de chaques histoire tombe comme un couperet. Un recueil de 15 histoires courtes où se côtoient bêtise et méchanceté ordinaires, sinistres farces et règlements de compte. À lire avec délectation !

 

Quelques Jours d'étéQuelques Jours d’été, Chabouté, Éditions Paquet, octobre 1999, 48 pages

Un gamin des villes, d’une huitaine d’années est confié pendant l’été chez un couple âgé habitant la campagne. Découvrant les joies de la vie au grand air, notre jeune héros retrouve les gens des champs et s’initie au bonheur grâce à un vieux bonhomme. On plonge avec bonheur dans le monde de l’enfance où l’on oublie vite les tensions pour découvrir un nouvel univers. La connivence entre les deux personnages est montrée avec pudeur. Sensible, tendre et graphiquement touchante, une belle histoire en noir et blanc à découvrir. Alph’art  » Coup de cœur  » à Angoulème

La Bête, ChaboutéLa Bête, Chabouté, Éditions Vents D’Ouest, septembre 2002

C’est l’hiver. Une petite meute de loups a récemment été introduite près d’un hameau isolé par de fortes chutes de neige. On retrouve, non loin du village, le cadavre d’un habitant atrocement mutilé. Un inspecteur de police est envoyé sur les lieux. Pensant à une banale affaire d’attaque de loup, il enquête sans réelle conviction ni motivation. Une nuit, pourtant, on retrouve un deuxième cadavre. En l’examinant, le policier découvre que les blessures mortelles ont été assénées avec une violence extraordinaire et un acharnement sans mesure, la profondeur des plaies démontrant que l’animal posséderait des griffes de plus de quinze centimètres de long. Dans le hameau, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. On parle de bête énorme, de monstre, de loup-garou. La peur des villageois, alimentée par les ragots, se transforme peu à peu en psychose. La folie gagne le village.