Prix du Jury Oecuménique 2006
L’aigle sans orteils, Lax, Éditions Dupuis, Collection Aire Libre, juin 2005
Amédée Fario accomplit son service militaire en transportant en haut du Pic du Midi les caisses de matériel qui vont permettre, à partir de 1907, de construire l’Observatoire aujourd’hui encore existant. C’est là qu’il fait la connaissance de l’astronome Camille Peyroulet avec qui il se lie d’amitié, d’autant plus qu’ils partagent la même fascination pour le tout récent Tour de France. Son service militaire terminé, Amédée, soutenu psychologiquement par Peyroulet va préparer « son » Tour de France, mais pour obtenir l’argent nécessaire à l’achat de son vélo, il continue de monter du matériel au Pic du Midi, même en plein hiver : suite à un accident qui l’immobilise dans la neige et le froid, il sera amputé des orteils. Néanmoins, grâce à son énergie, à une prothèse et à l’aide de Peyroulet, il pourra, pour la première fois, participer au Tour de 1913 en isolé (i.e. sans bénéficier des recours d’une équipe) : malgré l’accident qui l’exclut, il sera reconnu comme « l’Aigle d’Esponne ». L’année suivante, alors qu’il court en équipe, un accident plus grave va faire découvrir son secret : une prothèse des orteils des deux pieds, d’où son nouveau surnom – qui donne son titre à l’album -. La guerre qui survient au cours de cette année sera à la fois la fin de sa carrière et de sa vie.
Lax qu’on connaissait déjà entre autres pour le superbe récit en deux volumes d’Azrayen, en collaboration avec Giroud, utilise dans cet album le même graphisme d’un réalisme stylisé d’une rare efficacité et excelle à présenter l’image positive d’un homme, de milieu modeste, qui sacrifie tout à une vocation – ici, la conviction d’avoir sa place dans « la grande boucle »- et que ni les difficultés morales ni les difficultés matérielles ne détournent de son idéal.
Jacques Tramson