ONT PARTICULIÈREMENT RETENU L’ATTENTION DU JURY :
Celle Qui parle, d’Alicia Jaraba
Traîtresse vendue à l’envahisseur, protectrice des peuples autochtones, victime esclave des conquistadors…
Qui était vraiment La Malinche ? Cette jeune
Amérindienne, qui assiste en tant qu’interprète les Espagnols lors de la conquête de l’Empire aztèque, au début du XVe siècle, est l’une des figures historiques parmi les plus controversées au Mexique. La dessinatrice espagnole Alicia Jaraba signe ici une adaptation libre de ce destin contrarié, empruntant au roman d’apprentissage et teintant son récit de sororité. Laissant planer le mystère sur cette histoire complexe, cette linguiste de formation inscrit surtout le pouvoir de la parole et de la traduction au cœur de son récit.
Aurélien
« La Bibliomule de Cordoue » de Wilfrid Lupano (scénario) et Léonard Chemineau (dessin), Editions Dargaud
Avant la reprise de Cordoue par l’Inquisition, la rayonnante cité avait connu un autre extrémiste religieux, en 976, dans le cadre d’une succession à la tête du Califat d’Al Andalus. La grande bibliothèque de Cordoue menacée d’incendie par les alliés rigoristes du vizir, va être partiellement sauvée par trois antihéros : un voleur pas tres malin, une esclave noire copiste et un eunuque en surpoids, véhiculés par une mule bien sûr têtue. Cette fine équipe ne collabore avec humour que par intérêt mais finit par nous embarquer dans un dessin animé du style Walt Disney. Autant BD que beau livre, aux couleurs vives, le scénario a le mérite de rappeler que les religions sont souvent instrumentalisées pour asseoir le pouvoir des hommes et non de Dieu.
Nadia Savin
« La dame blanche » de Quentin Zuttion, Éditions Le Lombard
Un EHPAD. On est là pour mourir. Ou pour accompagner vers la mort. Estelle est infirmière dans un de ces établissements. Elle veut croire à tout ce qui rend toujours vivantes les personnes qu’elle y soigne. Aucune condescendance chez elle : les vieilles gens qu’elle côtoie ne sont pas seulement des patientes à ses yeux, elle les voit et les traite en interlocutrices, quel que soit leur état mental. Elle s’engage dans leurs rêves et parfois leurs délires à tel point qu’elle-même n’a presque plus d’autre vie. Sous le trait élégant et comme effleuré de Quentin Zuttion passent des sentiments intenses propres à éveiller chez le lecteur de grandes questions sur le sens de la vie et le pouvoir d’aimer.
Jean-Pierre Molina