Prix du Jury Œcuménique 2021

« Khalat » de Giulia Pex, Éditions Presque Lune, janvier 2020
Elle aurait bien mérité de vivre sa jeunesse, étudier à Damas, rêver devant le prof de Français, se confier à son frère aîné et croire à son idéal de liberté. Mais en Syrie, le printemps des peuples se brise sur la violence bestiale du pouvoir en place et sur la cruauté de l’État Islamique. Alors la jeune fille se retrouve jetée sur le chemin de l’exode, en compagnie de ses parents. Elle porte dans ses bras l’enfant désormais orphelin de son frère assassiné. Chaque fois qu’elle marque une pause dans sa marche, Khalat trouve des amis à aider, des plus faibles à secourir ; et chaque fois elle doit les quitter pour guider son neveu et accompagner ses parents tellement soucieux de la protéger et tellement démunis sans elle…
Sans une plainte, sans une invective, Khalat se bat, raconte, observe. Tout est juste dans ce récit, le dessin autant que les sentiments, la langue autant que les couleurs. Et si la retenue qui caractérise son style captive le lecteur si complètement, c’est qu’elle exprime en même temps la personnalité de l’héroïne et l’art de la narratrice.
Jean-Pierre Molina

Le titre, La Boîte de Petits Pois, s’il évoque une anecdote de l’album, en est peut- être aussi le résumé symbolique : des petits récits, les uns à côté des autres, au goût sucré-salé… L’autobiographie de GiedRé, très centrée autour de sa mère, évoque les privations (de tout et, en particulier, de liberté) de l’univers lituanien sous le régime stalinien : mais ceci est sous-tendu par une narration faite d’un ton guilleret, soulignée par le graphisme faussement enfantin de Holly R qui s’adapte merveilleusement à la gouaille de la narratrice. L’album qui se termine ironiquement par une évocation des ratés de la société française – depuis Paris où l’héroïne poursuit son itinéraire de vie – , même s’il est une dénonciation sévère du système soviétique, est une vraie et belle leçon d’optimisme.
